Fontainebleau 2022 : Falko de Hus enfin sur le podium des 7 ans !
Retrouvez ci-dessous l'interview vidéo de Brice Elvezi, directeur du Groupe France Elevage, sur la victoire de FALKO DE HUS*GFE :
Toujours placé, jamais gagnant...cette époque est désormais révolue pour Falko de Hus. L'alezan s'offre son premier titre national sous la selle de son cavalier François-Xavier Boudant. Fabuleux hasard, il devance finalement Fancy de Kergane, l'étalon d'Arthur Le Vot, lui-aussi fautif dès la première épreuve comme le nouveau champion. Quant à Fitch, 3ème, il n'aura pas touché une barre du championnat sous la conduite du spécialiste des jeunes chevaux, Eric Lelièvre.
Retour sur ce podium très prometteur !
Falko de Hus, dans les pas de son père
Difficile de ne pas remarquer le grand (1,70m) alezan sur les terrains de concours. Outre sa robe, son attitude en piste rappelle étrangement son illustre père Baloubet du Rouet. Un vrai guerrier ! Une impression que confirme son cavalier François-Xavier Boudant. Malgré une faute dans l'épreuve de chasse en ouverture de ce championnat, Falko s'est emparé du titre. "J'aurais mieux fait de ne pas la commettre" admet le normand. "J'ai pris un peu de risque, je voulais le laisser galoper pour qu'on soit dans les dix-quinze premiers. On a même fortement touché le dernier mais il a très bien sauté". Comme beaucoup d'autres, le couple avait choisi de préparer ce championnat en disputant un international, en l'occurrence celui de Gijon la semaine précédente. "Je souhaitais qu'il arrive à Fontainebleau dans le calme, disponible et dans le rythme de la compétition. Il réalise quatre parcours sans faute en Espagne, et à part la faute de la chasse, termine sur trois sans faute" S'il semble énergique en piste, Falko est totalement différent à la maison. "Il est calme au box, pas étalon du tout dans le mental. Par contre, dès qu'on saute, il met le turbo tout de suite ! Au début ce n'était pas facile à gérer. Mais avec le dressage ça s'est nettement amélioré. A 5 ans, j'avais du mal à sauter au galop, je l'ai beaucoup travaillé au trot." Son look et son appétit d'obstacles ne sont pas sans rappeler son père, le triple vainqueur de la Coupe du Monde Baloubet du Rouet. "De ce que je me souviens, il est plus harmonieux que lui. Il est surtout marqué dans son énergie et son encolure." Parti au prélèvement dès le lendemain de la Grande Semaine, Falko de Hus devrait réintégrer le piquet de François-Xavier Boudant d'ici mi décembre. "Je reprendrai le travail pour le remuscler et lui reconstruire son dos. Quand il revient de la monte, il est distrait mais pas chaud du tout, c'est un amour au box."
FALKO DE HUS & François-Xavier Boudant - Crédit photos : PSV Photos
L'année prochaine, celle des 8 ans, sera une saison charnière dans la carrière de l'étalon. Une carrière que gère le Groupe France Elevage depuis ses cinq ans. "A 4 ans, il a sailli une cinquantaine de juments pour le compte de son naisseur, le Haras de Hus. Ses premiers foals ont deux ans cette année et nous sommes impatients de les voir au concours étalon" avoue Brice Elvezi, directeur du GFE. Avec plus de 100 juments saillies en 2020 et 2021, le GFE devrait être rapidement fixé sur les qualités transmises par leur protégé qui, après avoir couvert un cheptel hétérogène, dispose d'une jumenterie au Blup moyen en forte augmentation. "Nous savons déjà qu'il transmet de la taille, de l'étendue, des moyens, de l'expression et qu'ils sont invariablement alezans" dit-il, "nous ne savons pas si ses produits seront aussi modernes que lui, mais nous avons observé qu'ils n'héritaient pas de son encolure. Ils ont tous son oeil, cette énergie, ce charisme". Évidemment très remarqué à Fontainebleau, et notamment par les étrangers très friands de son père, Falko n'est malgré tout pas à vendre. "Nous nous sommes posés la question car nous avons reçu beaucoup de propositions. Pour l'instant, nous le gardons car nous voulons affiner notre connaissance de son apport génétique" précise Brice. Parmi la cinquantaine de foals achetés par le GFE cette année, figurent quatre produits de Falko. "Nous y croyons mais nous restons pragmatiques". En d'autres termes, si l'offre atteint un certain niveau, le fils de Baloubet risquerait fort de quitter le territoire. Pourtant, sa génétique, bien que moins connue que d'autres étalons-stars, confirme d'année en année. Sa grand-mère Banda de Hus (Argentinus) évolua en CSI5* avec Kevin Staut, avant de donner plusieurs très bons gagnants, notamment Beluga de Hus, finaliste à 6 ans (ISO 135), Farouk de Hus Z, CSI3* avec Jérôme Hurel ISO 160, et bien sûr Eiffel de Hus, étalon, loué en Italie, et tournant en CSI4* avec Giuseppe Rolli. "Le mariage des lignées allemandes et françaises ont toujours donné de bons résultats" ajoute Brice. Falko en est un brillant exemple.
FALKO DE HUS & François-Xavier Boudant - Crédit photos : PSV Photos
Fancy de Kergane, un peu de fantaisie venue de Bretagne
Comme le dit si bien Arthur Le Vot, beaucoup de gens en avaient entendu parler mais peu l'avaient réellement vu sauter. C'est chose faite et avec la manière ! Bien que fautif dans la chasse, Fancy de Kergane a ensuite enchaîné trois parcours parfaits et bien qu'étant le moins rapide de la finale sur le podium, il parvient à décrocher la 2e place. "Mes parents et beaux-parents en ont acheté chacun 25% en milieu d'année de 5 ans" raconte Arhur. "Il avait déjà fait quatre parcours avec Victor Jegu, son co-naisseur avec Louis Menier. J'ai terminé la saison et le cheval finit 3ème du Championnat SHF". Après le travail hivernal habituel, le couple poursuivit l'année suivante sur le circuit SHF 6 ans non sans avoir remporté le Master au Salon des Étalons de Saint-Lô. En juin, le jeune Breton décide de partir travailler en Belgique, chez Eric Lamaze. "J'ai décidé de confier le cheval à Jonathan Chabrol pour finir la saison. Ensemble, ils terminent vice-champion des 6 ans et 6e des Championnats du Monde de Lanaken. On ne voulait pas le cramer". Récupéré durant l'hiver lors de son retour en France, Fancy a continué le travail avant de réaliser une excellente saison 2022. Vainqueur à Canteleu et Cabourg, classé à Dinard, Royan et Saint-Lô, le fils de Berdenn de Kergane cloture l'année en beauté.
FANCY DE KERGANE & Arthur Le Vot - Crédit Photos : PSV Photos
"Nous n'avions pas vraiment l'objectif de le vendre car nous voulions en faire un étalon" avoue Arhur Le Vot. "Ses premiers produits semblent prometteurs et Fancy a l'air de transmettre ses qualités, un beau modèle dans le sang". Cavalier attitré du Haras de Semilly depuis le début de l'année, Arthur a ainsi pu offrir à son protégé une meilleure visibilité, ce qui, avec ce titre de vice-champion de France, a sans aucun doute fini de convaincre ses acheteurs. "Ce n'est pas le premier cheval que nous aurions aimé gardé" avoue-t-il, "mais nous nous installons et il faut admettre que ça va nous aider". Avec sa compagne Gabrielle Corneaux, ils ont eu la bonne idée de procéder à des transferts d'embryon avec Fancy sur des sœurs de l'autre très bon étalon de l'écurie (aujourd'hui vendu), Génial de B'Neville. "Son papier freinait un peu les éleveurs car on sortait des courants habituels comme Diamant, Cornet, etc. Mais c'est justement ça qui était intéressant". Vendu à l'irlandais Cian O'Connor, Fancy de Kergane devrait réapparaître prochainement sur de beaux terrains. "Si je pouvais lui reprocher sa technique devant quand il avait 5 ans, il a montré que plus les barres montaient, plus il montait le garrot. Dans la finale, je suis arrivé sur le double de droit à fond et il s'est redressé tout seul. Fancy est très malin ! Dans la chasse, la faute est à 200% pour moi, je suis parti trop en confiance dans un faux rythme...je me suis dit que c'était foutu". Et finalement l'histoire finit plutôt bien, sauf pour l'élevage français qui perd un géniteur aux origines sortant des sentiers battus.
FANCY DE KERGANE & Arthur Le Vot - Crédit Photos : PSV Photos
Fitch, noté "AAA"
Si beaucoup connaissent Bernard Schotmans sous sa casquette de marchand de chevaux émérite, il la troque de temps à autre pour celle d'éleveurs, à raison de trois ou quatre poulains par an. Fitch est l'un d'eux, né de l'union de l'étalon en vogue actuellement Cornet Obolensky et d'E'Djinn, une jument belge ayant essentiellement tourné en épreuves amateurs. "J'en ai acheté la moitié lorsqu'il avait 5 ans" raconte Eric Lelièvre, son cavalier et copropriétaire. "Il montrait un peu de tempérament au début, et beaucoup de sang, comme souvent les produits de Cornet." Débuté à 4 ans par Clément Mernier sur le circuit SHF, Fitch a poursuivi son apprentissage sous la selle de son nouveau copropriétaire dès le mois de juillet suivant. Le couple termine la saison au CIR de Rosières aux Salines sur un score de 4+0. "Il s'est vraiment mis au travail cette saison" dit Eric. "Malheureusement, je me suis cassé la clavicule une semaine avant la Grande Semaine. J'ai dû laisser les rênes de nouveau à Clément pour la finale". Le duo ainsi reformé finit 2e de la petit finale des 6 ans. Cette année, Fitch et Eric ont repris le chemin des concours, alternant Grand Prix Pro2 et épreuves réservées aux chevaux de 7 ans. Ils terminent notamment 2èmes à Rosières, 4èmes au CSIYH de Fontainebleau et même 4èmes du Grand Prix 1,40m de Fontainebleau mi-août, de quoi bien préparer le championnat.
FITCH & Eric Lelièvre - Crédit photos : PSV Photos
"Le premier jour, il est toujours un peu timide, je n'ai pas voulu le bousculer, ce qui ne l'a pas mis dans les premiers" explique-t-il. C'est d'ailleurs ce qui le prive de titre, lui qui a totalisé quatre sans fautes tandis que les deux premiers ont commis une faute en première manche. "Plus il saute, mieux il saute ! C'est un anxieux, il a besoin d'être rassuré et mis en confiance. Mais il possède vraiment beaucoup de qualités, et a toujours été doué à l'obstacle, très respectueux, souple, tonique, avec une bonne technique aussi bien devant que derrière". D'ordinaire spécialiste des jeunes chevaux, Eric Lelièvre sait qu'il devra probablement vendre son cheval. "Mon système tourne surtout autour des jeunes chevaux. Je ne participe pas à beaucoup de CSI, ou alors à mes heures perdues. J'avais trois bons 7 ans cette année, dont Fitch et Falco du Loing (21ème au général, ndlr). Je me libère quelques week-ends pour les 'vieux' mais c'est compliqué de géré les deux. Je pense que Fitch a tout pour satisfaire un cavalier souhaitant évoluer dans de belles épreuves". Ce spécialiste du circuit SHF revient d'ailleurs avec un autre podium, grâce à Italia de Champloue, 2e des 4 ans, de quoi le motiver à poursuivre sur cette voie l'année prochaine.
FITCH & Eric Lelièvre - Crédit photos : PSV Photos