Fontainebleau 2022 : IN GOLD DES ISLES Champion des 4 ans
Un éleveur heureux de son produit et son cavalier fier de sa monture... Retrouvez le père et le fils Hubert dans notre interview Champion :
Un alezan issu des meilleures lignées du terroir vendéen, un second à l'avenir radieux, et un troisième déjà fort sollicité par les éleveurs depuis son approbation au stud-book Selle Français : le podium de ce Championnat Cycle Classique a assis la domination des mâles.
Retour sur leur Grande Semaine en compagnie de leurs naisseurs et cavaliers.
In Gold des Isles, cheval de cœur
Si le cheval parfait existe, il se pourrait bien que celui imaginé par Paul Hubert et sa regrettée épouse s'en rapproche. Du moins à l'aune de leur amour immodéré pour les lignées vendéennes. Car c'est bien cela qu'incarne l'alezan, pur produit de l'élevage de la famille Chiché-Hubert. "Ce croisement entre notre étalon Coriolis des Isles et cette souche a donné un cheval stable, avec un très bon caractère, qui ne refuse jamais et se comporte très bien, y compris en voyage" témoigne Paul Hubert, encore sur un petit nuage. L'objectif clairement affiché de cet élevage familial : produire de bons chevaux de sport, utilisables et pratiques. Et pour cela, bien que non originaire de cette région, Paul Hubert et sa femme ont choisi voici plus de vingt ans de s'appuyer sur le sang de chef de race comme Double Espoir ou Popof qui firent les beaux jours de la Vendée. "Cette région détient un palmarès historique !" tient-il à rappeler. Des racines qui rassemblent les éleveurs au sein de l'ASSELVEN dont il est membre. "Il est primordial de préserver les souches". Avant de s'installer en France, Paul Hubert officiait comme vétérinaire à Zangersheide. "Lorsque Z a procédé à une réduction d'effectifs, j'ai racheté une jument née à l'élevage Chiché, Belle de Jour, une fille du pur-sang Fujiyama. C'est ce même Fujiyama qui est à l'origine de l'aïeule de Coriolis des Isles, Bethsabée qui donna Lychnis, son arrière-grand-mère par Popof." En choisissant son étalon pour saillir On My Heart des Isles, une fille d'Apache d'Adriers, Paul Hubert a reproduit le croisement Arlequin AA x Popof x Double Espoir, "une association qui marche toujours !" selon lui. "Lorsque l'on a une bonne source, il ne faut pas l'éteindre" dit-il.
IN GOLD DES ISLES & Charles Hubert Chiché - Crédit Photos : PSV Photos
C'est le cas de l'arrière-grand-mère du nouveau Champion In Gold des Isles, Nuit d'Eté. "C'est la souche maternelle de l'élevage de Brière, originaire du marais de St Gervais, berceau central du cheval vendéen, développé par la famille Veylon. Nuit d'Eté était très chaude. Nous l'avons récupérée en fin de carrière et elle a transmis à sa descendance sa belle énergie." Son premier produit, le meilleur d'entre tous, fut Alizé des Isles, alias Ashley, vainqueur avec Michael Whitaker de la finale Coupe du Monde de Götebörg devant les extraterrestres Hugo Simon et E.T.. Vendue à des italiens au sevrage de la pouliche, Nuit d'Eté croisa de nouveau le chemin des Chiché-Hubert quelques années plus tard. "Les italiens avaient décidé d'arrêter l'élevage pour créer un restaurant. Comme nous allions tous les ans à la foire de Vérone, nous les avons sollicité jusqu'à ce qu'ils acceptent de nous vendre les trois produits de cette jument." C'est ainsi que Heartbeat, la plus jeune des trois par Ramiro Z, rejoignit la France. Elle donna onze produits dont My Dear des Isles (Elan de la Cour), mère de l'excellent Royalty des Isles ISO 169, et quelques années plus tard On My Heart des Isles (Apache d'Adriers), mère d'All Gold des Isles (Nashville III, encore un vendéen !), ISO 145, finaliste à 5 ans avec Vanessa Martinez, et huit ans plus tard d'In Gold des Isles.
IN GOLD DES ISLES & Charles Hubert Chiché - Crédit Photos : PSV Photos
"Nous avons toujours élevé pour que nos enfants puissent monter" avoue Paul Hubert, "nous croisons pour produire des chevaux concours, pratiques, disponibles, avec des souches près du sang mariées au Selle français, mais aussi pour maintenir ce patrimoine génétique vivant." Parmi ses quatre enfants, Paul Hubert a la chance de voir l'une de ses filles reprendre l'élevage pendant que son fils Charles, "aussi doué à cheval que sur un tracteur" (dixit son papa), poursuit une brillante carrière de cavalier. In Gold restera-t-il sous sa selle ? "Pour le moment, il est parti à la congélation comme nous le faisons en général pour nos étalons (il a été approuvé sur performances à Fontainebleau, ndlr). Nous avons été approchés par des acheteurs étrangers mais pour le moment, rien n'est décidé". Qu'il reste ou pas, l'élevage des Isles n'a pas encore épuisé son filon.
IN GOLD DES ISLES & Charles Hubert Chiché - Crédit Photos : PSV Photos
Impérial du Temple, les prières de Guy Martin exaucées
Il en a vu passer des chevaux et des Grandes Semaines. 27 000, selon la légende, serait passés dans ses écuries...une bagatelle ! C'est sans parler de tous les cavaliers qu'il a formés, à commencer par un certain Hubert Bourdy. "Je l'ai embauché et il est resté six ans" se souvient Guy. "Ce jour-là, j'ai acheté une fille d'Almé, Isis, née chez Paul François Brunaud, et je l'ai très vite revendue à Jean-Jacques Fristot, installé à Faramans dans l'Ain". Ainsi naquirent dix produits à l'affixe "d'Armont", dont Daphenée d'Armont, l'arrière-grand-mère d'Impérial du Temple, qu'il racheta fin 2000 pour la mettre à l'élevage. "A l'époque, on m'avait laissé l'étalon Tourlouroux en dépôt" raconte-t-il. C'est donc naturellement qu'il l'utilisa sur sa nouvelle poulinière, donnant naissance en 2001 à Nymphe du Temple. Celle-ci fut mise à la reproduction dès l'âge de deux ans, et après avoir donné notamment l'excellent Qorpleasure du Temple (ISO 149), Nymphe lui offrit une belle pouliche par Quartz du Chanu, Vue du Temple. "Nous avions testé Nymphe en liberté à trois ans et nous avions été emballés" admet Guy.
IMPERIAL DU TEMPLE & Yannick Martin - Crédit Photos : PSV Photos
Repéré lorsqu'il avait 14 ans, Radieux (Heartbreaker x Pachat II), né chez Alain et Yves Vernaet, évoluait alors sous la selle de Frédéric Vernaet (BEL) sur le circuit jeunes cavaliers (ensemble, ils participèrent notamment aux Championnats d'Europe 2008). "Il appartenait à Luc Tilleman, le propriétaire de Toulon. Il voulait bien me le vendre mais le prix variait selon qu'il continuait sa carrière sportive ou qu'il entrait au haras faire la monte". Guy Martin choisit la seconde option et Radieux entama sa seconde vie. Malheureusement, celle-ci s'interrompit prématurément. "Il n'a pas eu le temps de beaucoup produire" dit-il, "je l'avais confié au Lycée Agricole de Mancy, mais un jour, une poulinière lui envoya un coup de pied. Le cheval alla de mal en pis, et le vétérinaire ne sut pas ce qu'il avait. Quand il est mort quelques jours plus tard, on a découvert un bout de côte dans ses poumons". Il laisse néanmoins 125 produits enregistrés, dont notre vice-champion du jour, Impérial du Temple. Agé de 75 ans, l'Aindinois n'élève plus. "J'ai donné toutes mes juments dont la mère d'Impérial, morte l'an dernier. Mon fils Yannick a repris les écuries mais l'élevage ne le passionne pas, ça, c'était mon dada, j'adorais m'occuper de mes poulains." Il a tout de même choisi de garder la moitié de son protégé, en association avec l'un de ses amis totalement néophyte. "Comme moi, il a envie de le voir évoluer à haut niveau alors pour le moment, on le garde, au grand dam des marchands qui me l'ont tous demandé à la Grande Semaine". S'il a donc stoppé toute activité équine, Guy Martin s'est lancé dans d'autres chevaux, plus bruyants...les voitures de collection. "On est une bande de passionnés, on fait des sorties, c'est vraiment sympa". Il demeure toutefois un amoureux du grand air puisqu'il ne possède que des cabriolets...!
IMPERIAL DU TEMPLE & Yannick Martin - Crédit Photos : PSV Photos
Itoki de Riverland, la confirmation
Est-il utile de présenter le médaillé de bronze de ce championnat ? Rappelez-vous, à l'instar de Cher Epoux il y a quelques années, l'alezan s'est imposé brillamment dans le Championnat des Etalons Selle Français à 2 puis à 3 ans...un exploit ! Issu du tout bon performeur Candy de Nantuel, très recherché actuellement, Itoki, né chez Mickaël Varliaud, signe un très beau championnat, et s'incline de justesse face à ses devanciers. Peu importe, il est reparti de Fontainebleau avec la mention Elite, ajoutant ainsi une ligne à son palmarès déjà bien fourni. Le jeune étalon avait l'avantage, grâce à son titre, de ne pas avoir à se qualifier pour la finale. Après deux parcours de Formation 1, il a ainsi effectué quatre tours, dont trois sans faute. "Il ne regarde rien et est sûr de lui" témoigne François-Xavier Boudant.
ITOKI DE RIVERLAND & François-Xavier Boudant - Crédit photos : PSV Photos
Très sollicité par les éleveurs, il a fait la monte à Saint-Lô jusqu'en juin. "Il est revenu aux écuries juste avant le CIR de Saint-Lô. Nous nous sommes organisés avec le GFE pour qu'il soit monté à la station par Camille Piot, et j'allais le faire sauter de temps en temps." Avec un jeune crack comme Itoki, on peut facilement imaginer la pression que ressent son pilote. "Je n'avais aucune pression de ses propriétaires" dit-il, "il a réalisé une très bonne finale, mieux le deuxième jour comme souvent d'ailleurs, car le premier, il est toujours un peu frais. Il possède un vrai potentiel" insiste le normand. Soucieux de servir au mieux les éleveurs, le GFE l'a déjà renvoyé au prélèvement mais cette fois, il devrait revenir plus tôt sous la selle du pensionnaire des Ecuries du Barquet. "Nous lui avons assigné deux objectifs, la reproduction et le haut niveau" explique François-Xavier, "l'année prochaine, je devrais pouvoir faire une saison complète sur le circuit SHF 5 ans, car cela reste compliqué de mener les deux activités de front". Nul doute qu'Itoki et son cavalier seront très attendus sur les terrains l'an prochain.
ITOKI DE RIVERLAND & François-Xavier Boudant - Crédit photos : PSV Photos