Fontainebleau 2022 : INJOYE FLEURI Championne de CL1-4 ans
Le premier Championnat à s'être clôturé pour la saison 2022 est celui du Cycle Libre 1ère année 4 ans où INJOYE FLEURI s'est imposée aux côtés de Lily Albert.
Retrouvez l'interview en image de Laurence Albert, naisseuse de la jument et maman de la cavalière :
Injoye Fleuri, du dressage à l'obstacle
Rien ne prédestinait la jolie bai à s'illustrer dans une finale jeunes chevaux de saut d'obstacles...et pourtant ! Sous la selle de Lily Albert, Injoye Fleuri s'est imposée grâce à sa note de style lors de l'épreuve qualificative. Une première pour sa maman, naisseuse et toujours propriétaire.
INJOYE FLEURI & Lily Albert - Crédit Photos : PSV Photos
Installée en tant que professionnelle depuis 2000, Laurence Albert est d'ordinaire plus intéressée par le dressage, une discipline qu'elle pratique quotidiennement. Ce qui explique le papier de la nouvelle Championne SHF Cycle Libre 1ère année 4 ans, Injoye Fleuri : fille de For You Only du Riwan (Oldenbourg par Furstenball et une mère par Rohdiamant) et de Trentina de Vallière par Otto Mail, étalon labellisé dressage, lui-même fils du chef de race Weltmeyer. Pour la petite histoire, Trentina est née chez Serge et Christine Cornut et avait déjà montré un beau potentiel à l'obstacle. "Ma fille Lily fréquente un centre équestre où elle a goûté à la discipline du saut d'obstacles" raconte la maman. "Nous lui cherchions un cheval et nous nous sommes dits 'pourquoi ne pas tester nos produits à l'obstacle'. Et finalement, Injoye a montré de vraies dispositions". En effet, cet élevage familial installé près de Saumur produit chaque année un ou deux poulains typés dressage. Injoye est le tout premier produit à s'illustrer sur les barres. "Même si Lily sait monter sur le plat, c'est moi qui monte la jument la semaine et elle la reprend le week-end, coachée par Etienne Guinot (installé à Vernantes au sein des écuries Equitapro, ndlr) et Jérôme Proux."
INJOYE FLEURI & Lily Albert - Crédit Photos : PSV Photos
Le couple commence à bien se connaître. Outre cette saison sur le circuit SHF, Lily et Injoye ont participé aux concours modèle et allures Selle Français à 2 et 3 ans. Injoye obtint d'ailleurs d'excellentes notes à 3 ans : 16,38 aux allures, 16,75 au modèle et surtout 17,38 au saut en liberté. Elle termina 5ème du Championnat SF Femelle l'an passé...à Fontainebleau ! "Malgré ses notes, nous avons manqué le podium par l'absence de souche maternelle et donc de point de bonification" explique Laurence Albert. Prêtée une saison par la famille Cornut, Trentina de Vallière n'a donc donné qu'un seul produit à la famille Albert. "Nous aurions pu la sortir en dressage" admet-elle, "mais les bons chevaux sont en général bons partout". Si la famille fréquente les finales SHF de dressage depuis des années - avec notamment un titre de vice-champion Cycle Classique 5 ans - mais également les finales France Dressage SF - avec Fidji Fleuri, sf (Sambertino, kwpn) et surtout Easy Fleuri, sf (Furstenball, kwpn), Championne de France à 2 ans -, cette première finale bellifontaine constituait une belle découverte. "Cette piste du Grand Parquet fait penser à ces grands concours 5*, c'est impressionnant" avoue l'éleveuse. "Heureusement, Injoye possède un super mental. Nous manipulons nos poulains très tôt et nous les travaillons peu mais souvent pour ne pas les blaser." Après ce succès, Injoye bénéficie d'une semaine de pause avant d'effectuer une reprise légère d'une quinzaine de minutes par jour pour ne pas perdre sa musculature. En attendant que Lily reprenne le chemin du circuit SHF début 2023 en Cycle Libre 2ème année 5 ans.
INJOYE FLEURI & Lily Albert - Crédit Photos : PSV Photos
Iron Man Mortagne, digne fils d'une famille de super-héros !
Frédérique Jouannet et son mari Olivier sont ce que l'on pourrait appeler des super-héros. Tous deux passionnés de chevaux, ils gèrent de main de maître leurs deux métiers et leur poney-club, tout en emmenant d'un côté une équipe à Lamotte-Beuvron et de l'autre, leurs jeunes équidés aux finales SHF. Avec ce titre de Vice-Champion de France SHF Cycle Libre 1ère année 4 ans, ils savourent le fruit d'un travail acharné.
Déjà très bien placé cette saison avec une 4ème place au Top 100 SHF, Iron Man Mortagne confirme ses bonnes dispositions en terminant double sans faute de la finale, 2ème à 0,25 pt de la championne. Eleveurs depuis une quinzaine d'années, Frédérique et Olivier jonglent entre leurs multiples responsabilités. Ingénieur en mécanique de formation, la première a choisi d'enseigner la physique-chimie en collège afin de se libérer du temps et de changer de métier pour son projet de poney-club, pendant que le second l'aide au quotidien tout en poursuivant sa carrière d'ingénieur en industrie. Comme si gérer le club et ses cinquante licenciés ne suffisait pas, ils ont également lancé leur propre élevage dès 2005. "Nous possédions une jument très typée normande par Si Tu Viens. Puis nous avons acheté une seconde poulinière, Dame de Cherves, une fille de l'anglo-arabe Prince Ig'Or qui tournait bien en amateur, que nous avons adressée à Rosire. Cela nous a donné Une Dame de Mortagne, dont Iron Man est le quatrième produit issu de Contendro".
IRON MAN DE MORTAGNE & Frédérique Jouannet - Crédit Photos : PSV Photos
Le contre-la-montre
Les journées des Jouannet sont bien remplies ! "Je passe tous mes mercredis, mes week-ends, mes vacances au centre équestre avec les enfants" raconte-t-elle. "Je les amène en épreuve Ponam ou Club puis tous les ans à l'Open de France de Lamotte-Beuvron. Pour nous simplifier la vie, nous avons décidé de produire non seulement des chevaux de sport comme Iron Man, mais aussi des poneys de sport et de club grâce à un étalon maison. Nous utilisons notamment une ponette Welsh Part Bred que nous avons croisé avec Machno Carwyn. Nous essayons d'obtenir des poneys pratiques, gentils, et si la performance est là, c'est un plus." Les Jouannet font tout eux-mêmes, jusqu'à sacrifier leurs vacances...pour se rendre à la Grande Semaine de Fontainebleau ! "Nous venons depuis quatre ans. Nous planifions tous nos concours en début d'année afin de caler les épreuves poney d'un côté et les jeunes chevaux de l'autre. Ensuite, on jongle pour tenter de qualifier tout le monde...!".
IRON MAN DE MORTAGNE & Frédérique Jouannet - Crédit Photos : PSV Photos
Persévérer malgré l'adversité
Bien qu'ils bénéficient d'un coup de main de la part des cavaliers du club, Frédérique et Olivier ne souhaitent pas développer davantage leur structure afin de maintenir l'équilibre avec leur double activité. "Nous faisons naître entre un et cinq poulains par an toutes races confondues, tous à l'affixe 'Mortagne' du nom du moulin que nous habitons". Il n'était pas prévu au départ que Frédérique monte Iron Man, celui-ci devant être vendu. "Voici quelques années, j'ai eu un grave accident avec une jument" raconte-t-elle. "Celui-ci m'a provoqué un trauma crânien et a abîmé le nerf optique dont je garde un handicap m'obligeant à porter un cache-œil à droite car sinon, je vois double. Je voulais confier le cheval après mon accident mais j'ai réussi à reprendre confiance malgré ma vision monoculaire et mon champ de vision limité. Ce résultat constitue une belle récompense après toute cette période de doutes". Et si la cavalière laissa les rênes à son mari pour le CIR, c'était uniquement pour cause d'Open de France au même moment...! "Olivier avait une grosse pression sur les épaules" dit-elle en riant. Le couple et leur fils Axel (cavalier émérite sur le circuit Poney Elite) vont pouvoir enfin souffler un peu en attendant la saison prochaine.
IRON MAN DE MORTAGNE & Frédérique Jouannet - Crédit Photos : PSV Photos
Isidora de l'Huyne, pure jument d'amateur
A 65 ans, Séraphin Galdo savoure le fruit de vingt ans de sélection avec cette très belle 3ème place dans le Championnat SHF Cycle Libre 1ère année 4 ans. Eleveur amateur, il confie ses produits depuis aussi longtemps à Sandrine Ruaux, cavalière professionnelle dont le talent à former des chevaux d'amateur se confirme saison après saison. Rencontre avec un véritable passionné.
Rien ne laissait penser que Séraphin, ouvrier ajusteur à la retraite, vivrait une seconde vie équestre si intense. Pourtant, les chevaux, c'est son dada et depuis belle lurette ! "J'ai commencé à monter quand j'avais onze ans" se souvient-il, "mais je me contentais de partir en randonnée ou de participer à des épreuves club...mais j'ai toujours adoré la compétition !". Il se rend à la Grande Semaine chaque année, et s'offre régulièrement des voyages un peu partout en Europe, de Lanaken à Poznan, en passant par Vejer de la Frontera ou encore Vilamoura, notamment grâce à l'un de ses meilleurs produits, Tio de l'Huyne (Tinka's Boy), débuté au niveau international par Bérenger Oudin avant de passer par les écuries du belge Thierry Goffinet puis de rejoindre le piquet du jeune Elias Artoul (ISR).
ISIDORA DE L'HUYNE & Sandrine Ruaux - Crédit photos : PSV Photos
Une hausse des prix bénéfique
Installé à Louvières, à 20km de Langres et Chaumont dans la Haute-Marne, Séraphin Galdo essaie autant que possible de produire des chevaux d'amateurs. "J'avais un peu ralenti le rythme" avoue-t-il, "puis quand j'ai vu que la demande en chevaux augmentait, j'ai décidé d'en confier de nouveau deux à Sandrine." Sandrine Ruaux, une professionnelle basée près de Vittel dans les Vosges avec qui il collabore depuis maintenant deux décennies avec succès. "Elle monte très bien les jeunes chevaux, sans prétention, et en fait de vrais chevaux d'amateur". Car ce qui motive le haut-marnais, c'est bien cela : produire des chevaux destinés à des cavaliers amateurs. "J'ai acheté la grand-mère d'Isidora, Liberty de Saunoir, à 3 ans car son éleveur n'en voulait plus. Je l'ai mise à Arpège Pierreville pour donner Phibie de l'Huyne, la mère d'Isidora. Les poulinières que j'utilise proviennent en général d'amis qui me les confient lorsqu'elles se blessent ou sont en fin de carrière." Ensuite, l'éleveur choisit des étalons aux tarifs raisonnables. "Je me rends au Salon des Etalons de Saint-Lô chaque année" raconte-t-il. "Une année, en arrivant là-bas, je vois un panneau présentant Velsen Chuquerie. Après avoir discuté avec Maître Charlot en présence de l'étalonnier, ce dernier a fini par me convaincre...j'ai acheté trois contrats ! Je cherche à utiliser des étalons à des tarifs intéressants compatibles avec la clientèle amateur. Quand on prend une saillie chère, c'est plus difficile de rembourser son investissement." En suivant ce raisonnement, Séraphin Galdo piste les bons plans et anticipe souvent la tendance, comme ce fut le cas avec Quartz Rouge, le protégé de la famille Smadja, qu'il fut l'un des premiers à mettre sur ses juments quand il n'avait que 9 ans. "J'ai acheté 64 paillettes pour 1200€ et j'ai réussi à avoir neuf produits !". L'ajusteur essaie de répéter ce schéma avec parfois une certaine veine comme la fois où il négocia de la semence de Valmy de la Lande, désormais gagnant en 5*. Très impliqué dans le monde de l'élevage, Séraphin Galdo discute beaucoup avec ses pairs. "Je me souviens d'une discussion avec Pascal Cadiou il y a deux ans. Il disait déjà que nous devrions relancer la production car une pénurie s'annonçait et cela allait durer. Il avait raison" admet-il. Avec deux à trois poulinières pleines chaque année, et une douzaine d'hectares, il parvient désormais à s'en sortir financièrement, même en achetant son foin. "Les prix ont doublé comparé à il y a deux ans" reconnaît-il. D'ailleurs, beaucoup ont demandé Isidora en sortie de piste (elle est d'ailleurs inscrite sur SHF Market). "Si je veux en remettre d'autres au travail, je dois vendre, c'est indispensable". Avis aux intéressés !