Fontainebleau 2024 : La région Auvergne-Rhône Alpes domine le Championnat CL1-4 ans!
Ce premier Championnat SHF de l’édition 2024 de la Grande Semaine de Fontainebleau version saut d’obstacles a vu trois produits de l’élevage rhônalpin monter sur le podium. En tête après la première épreuve qualificative, KANAILLE DE MESTRE a confirmé ses aptitudes en signant un second parcours sans pénalité sous la conduite de la jeune Eliza Mellet. Une autre jeune femme talentueuse réussit le pari de placer ses deux montures aux 2ème et 3ème places : Audrey Marie mène KASHMIR DES CIBAUDES et KELSTAR DES CIBAUDES au double sans faute. Un succès fou pour cette nouvelle génération de chevaux...et de cavalières !
Dernière à s’élancer sur la Carrière des Princes comme le veut la coutume, Eliza Mellet a dû faire preuve de sang froid pour venir à bout de cette finale Cycle Libre 1ère année 4 ans. En effet, sa rivale directe Audrey Marie occupait les deux premières places, et seul un parcours sans aucune barre au sol lui permettait de conserver sa première place acquise au terme de la première manche disputée vendredi. « C’est ma première Grande Semaine » avoue-t-elle ravie de ce résultat. « Je monte Kanaille depuis six mois environ. » Pour le moment amateure, la jeune femme de dix-neuf ans, grande par la taille, semble prendre goût à la compétition. Originaire de l’Isère, elle s’est donnée les moyens de progresser. « J’ai la chance d’avoir mes chevaux à la maison, mais j’avais besoin d’un coach pour évoluer. Je me suis donc rapprochée de Dylan Sablon des Ecuries Sablon située dans le nord de l’Isère. Il connaissait l’éleveur de la jument, Monsieur Eric Laurençot, et il savait que je cherchais une jument. Et dès le premier essai, ça a été le coup de foudre immédiat. Je ne sais pas expliquer pourquoi...son énergie, son tempérament. J’aime les chevaux avec du sang et atypiques, qui me posent question. »
KANAILLE DE MAISTRE & Eliza Mellet - Crédit photo : PSV Photos
Cavalière depuis qu’elle a huit ans, Eliza a gravi tous les échelons. « J’ai débuté en poney-club à monter en balade, puis je suis sortie en saut d’obstacles poney jusqu’en As Poney 2. Mais quand j’y réfléchis, je pense que je préfère presque être à pieds à m’occuper des chevaux au quotidien, les observer...passer ma vie avec eux. En ayant mes chevaux chez moi, soit sept au total, je peux vivre ma passion. » Issue de parents totalement étrangers à cet univers, l’Iséroise et sa petite-sœur ont mis toute la famille au rythme de leur passion. « J’ai toujours mon ancienne ponette qui nous a donné un poulain, mon ancien cheval de concours qui m’a permis de sauter jusqu’à 1,30m, une jument confiée par une amie pour sauter à terme 1,30m, le poney de ma sœur, son nouveau cheval et Kanaille » décrit-elle. Lorsque la famille Mellet achète la fille du regretté Cicave du Talus, la bai n’avait encore jamais concouru. « Dylan Sablon l’a montée lors de son premier tour cette saison puis j’ai pris le relais. Dès le début de saison, mon objectif était de participer à la finale…de là à obtenir un si bon résultat… ! » Galvanisée par la victoire, Eliza envisage désormais d’aborder 2025 sur le circuit...Cycle Classique. « Cela dépendra de son évolution, de la mienne aussi, mais j’aimerais bien. Le circuit SHF permet de vraiment bien former les chevaux. » Pour ce faire, elle se lance dès maintenant dans un Contrat de Spécialisation mention « Cavalier Jeunes Chevaux » à Lons-le-Saunier, tout en continuant à travailler au sein de l’écurie de son coach.
KANAILLE DE MAISTRE & Eliza Mellet - Crédit photo : PSV Photos
Eric Laurençot, naisseur de Kanaille de Maistre, n’a pas perdu une miette de ce succès. Installé au Centre Equestre de Montagnole, au pied du Mont Granier, aux confins de la Savoie et de l’Isère, à quelques minutes de Chambéry, il élève chaque année une poignée de poulains. « Nous utilisons en général les juments que ma femme, ma fille et moi avons monté en concours, et j’achète aussi beaucoup de poulains sous la mère, certains restent à la maison, et d’autres sont élevés chez un ami, Olivier Lechauguette à Dangy dans la Manche » explique-t-il. « Un copain m’a vendu la mère de Kanaille, Toscane d’Yaulne, en échange de l’un des mes 5 ans et un autre copain l’a montée jusqu’en 1,30m/1,35m. J’avais eu une jument par Untouchable M que j’avais beaucoup aimée, alors j’ai décidé d’utiliser son fils Cicave du Talus. » Bien que fidèle à la Grande Semaine depuis trente ans, le professionnel savoyard a fait le choix cette année de ne pas amener sa génération de 5 ans qualifiée pour la finale Cycle Classique mais s’est réjoui de suivre la performance de sa jument. « Ils habitent juste à côté de chez moi, et nous participons aux mêmes concours. Je les ai suivi toute la saison, c’est un régal et quand ça finit comme ça, c’est encore mieux » dit-il, ravi. « Ce circuit est très important pour former les chevaux. Selon la qualité des chevaux, nous panachons entre Libre et Classique. Commercialement, nous nous y retrouvons très bien. » Organisateur de concours, et notamment de la finale régionale Auvergne-Rhône Alpes Cycle Libre 2024, Eric Laurençot note une nette augmentation du nombre de participants au niveau régional, mais une affluence moindre aux finales. « Fontainebleau reste loin de notre région et sans doute que les amateurs préfèrent faire l’impasse. Mais ce circuit du Cycle Libre reste très intéressant ».
KANAILLE DE MAISTRE & Eliza Mellet - Crédit photo : PSV Photos
L’élevage des Cibaudes, coup double pour une première !
Au fil des passages sur le parcours de cette finale, un affixe se rapprochait tranquillement de la tête : « des Cibaudes ». Un nom que les passionnés de poneys de sport connaissent très bien. Car avant de se lancer dans l’élevage de chevaux, Elodie Chanavat et François Vernay se sont faits un nom dans l’univers poney. On se souvient notamment de Toute Belle Cibaudes (Miglesey des Cibaudes, welsh) qui fit le bonheur de Lola Brionne IPO 166, Corrado des Cibaudes (Adorado, han) Elite à 6 et 7 ans, ou encore de Brume des Cibaudes (Jimmerdor de Florys, pfs) IPO 149 et Excellent à 4 et 5 ans sous la selle de son éleveuse. Agriculteurs et fiers de l’être, Elodie et François ont choisi d’orienter leur production vers de nouveaux objectifs. « Notre cavalière Audrey a débuté l’équitation à la maison » raconte François Vernay, « Ne sachant pas trop ce qu’elle allait faire de son avenir, nous l’avons orientée vers un BTS agricole en Production Animale. Puis l’an dernier, elle est revenue nous voir pour nous demander si nous souhaitions la prendre en apprentissage afin qu’elle suive un Contrat de Spécialisation Cavalier Jeunes Chevaux. Nous avons donc sauté le pas. » L’opportunité était trop belle de les épauler dans leur travail de production de chevaux de sport, un choix stratégique encouragé par l’envie de leur fils Bastien de reprendre le flambeau. « Il grandit vite et passe déjà à cheval, alors nous avons décidé de mettre à l’élevage nos juments de concours » ajoute-t-il.
KASHMIR DES CIBAUDES & Audrey Marie - Crédit photo : PSV photos
Les deux lauréats du jour, KASHMIR DES CIBAUDES (Andain du Thalie, sf) et KELSTAR CIBAUDES (Popstar Lozonnais, sf), sont issus de transferts d’embryons réalisés à l’élevage puisqu’Elodie, la maman, est cheffe de centre. « J’ai inséminé nos juments, acheté des trotteuses pour porter leurs embryons...nous avons investi pour gagner du temps » dit-elle. Les « K » constituent la toute première génération de poulains Selle Français ‘des Cibaudes’...et c’est plutôt réussi. « Nous avons opté pour le circuit Cycle Libre car cela nous paraissait plus simple, les parcours moins hauts que le Cycle Classique, cela nous laissait plus de marge de manœuvre, c’était un bon compromis pour préserver nos chevaux. Nous ne sommes malgré tout que des amateurs du point de vue compétition. Même si nous avons une structure, nous passons plus de temps à la gérer qu’à monter. Nous maîtrisons la conception jusqu’à la valorisation et la commercialisation, sur de petits volumes en autonomie fourragère. » Installés sur une soixantaine d’hectares en zone de montagne, Elodie et François essaient de gérer eux-mêmes un maximum de choses. Après vingt ans d’exploitation, et de nombreux travaux, ils peuvent davantage se consacrer à la sélection. A respectivement 47 et 44 ans, ils entrent dans une seconde phase de leur vite. « Nous formons deux jeunes passionnés dont Audrey, c’est l’avenir. Elle a fait le boulot sur ce championnat, et si nous pouvons continuer ainsi, c’est formidable. La route est longue, car nous espérons faire évoluer nos chevaux jusqu’aux épreuves 1,30m/1,35m et plus si c’est possible. Nous aimerions faire ce que nous avons fait avec les poneys » dit-il, « et de toute façon, les JO ne se courent pas avec des poneys » ajoute-t-elle en riant.
KASHMIR DES CIBAUDES & Audrey Marie - Crédit photo : PSV photos
D’ailleurs, la magnifique épopée d’Olivier Perreau à Versailles a littéralement gonflé le couple à bloc et pour cause. « J’ai été cavalier au sein des écuries Perreau, et le grand-père maternel de Kashmir, Ramiro des Cibaudes, a été monté par Olivier pendant la grossesse d’Elodie » précise-t-il. « J’ai toujours aimé leur système. Aujourd’hui ils sont sur le toit du monde. On traite Olivier de cavalier paysan et personnellement, j’aimerais un jour qu’on me qualifie de la même façon. Leurs résultats me donnent encore plus envie de réussir. » Sur cette voie, le duo a donné naissance cette année à trois poulains par Ijou d’Aiguilly (Mylord Carthago, sf), le frère utérin de la médaillée olympique Dorai d’Aiguilly et d’Eldorado vd Zeshoek (Clinton, bwp). « Il faut sortir des sentiers battus. Il existe des chefs de race saillissant beaucoup, mais je pense qu’il faut s’adresser à d’autres étalons moins connus, ou plus jeunes, avec une excellente lignée maternelle. Par exemple, nous avons utilisé Popstar Lozonnais, le père de Kelstar, Andain du Thalie pour la force et l’amplitude. »
KELSTAR CIBAUDES & Audrey Marie - Crédit photo : PSV photos
Fiers de leur parcours, ils le sont aussi des résultats obtenus par Audrey, leur cavalière ‘maison’, qui entre en BPJEPS tout en continuant de monter les jeunes chevaux de l’élevage. « Nous continuerons le Cycle Libre l’an prochain, sans faire de la finale un objectif particulier. L’année a été très dure pour nous avec notamment la perte de notre poney de tête. Mais ces finales, Cycle Classique Poney et Cycle Libre, sont une récompense. Aucun regret » conclut François. « Je les remercie de m’avoir emmenée jusque là » dit Audrey Marie. « C’est une chance d’avoir trouvé un élevage disposant d’infrastructures pour monter. J’apprends énormément à tous les niveaux. » Et même si l’élevage ne la passionne pas pour le moment, la jeune femme a découvert les joies de la mise bas il y a deux semaines. « Je suis arrivée, le poulain était déjà sorti. Je n’étais pas trop stressée mais j’aurais aimé voir le poulinage en entier » avoue-t-elle. Pour le moment, la famille va prendre un repos bien mérité après toutes ces émotions, en attendant de reprendre le travail de la nouvelle génération.
KELSTAR CIBAUDES & Audrey Marie - Crédit photo : PSV photos
Le Podium Cycle Libre 1ère année 4 ans 2024
1ère - Kanaille de Maistre, sf (Cicave du Talus, sf), née chez Eric Laurençot et David Conti (Auvergne Rhône Alpes), montée par Eliza Mellet (Savoie)
2ème – Kashmir des Cibaudes, sf (Andain du Thalie, sf) né chez Elodie Chanavat et François Vernay (Auvergne Rhône Alpes), monté par Audrey Marie (Loire)
3ème – Kelstar Cibaudes, sf (Popstar Lozonnais, sf), née chez Elodie Chanavat et François Vernay (Auvergne Rhône Alpes), monté par Audrey Marie (Loire)