
Fontainebleau 2022 : Alice Princelle sans partage dans le Hunter 4 ans
Avec deux chevaux sur le podium, la Morbihanaise Alice Princelle a frappé un grand coup lors de cette finale jeunes chevaux de hunter. Elle a porté l'excellent Illico Mouche, performant également en Cycle Classique CSO, vers le titre et place Istanbul Guichardaye sur la troisième marche, laissant la toute jeune Emma Colloud offrir à Ingrid Lalande un premier titre de vice-champion de France grâce à Iya Vidi Gavot.
Illico, presto sur le bon tempo
L'affixe 'Mouche' est bien connue des amateurs de saut d'obstacles. L'élevage de la famille Bellet, situé à La Mouche, au cœur du triangle Villedieu/Granville/Avranches, produit de nombreux très bons gagnants internationaux. On se souvient notamment de Iasco Mouche (ISO 167), et plus récemment de Scara Mouche (CSIO5* pour l'Italie). Avec Illico, nous sommes en présence d'une autre lignée tout aussi intéressante dont les origines remontent à 1967 et la naissance de Belle Mouche (Cold Slipper, ps) chez René Bellet. Illico incarne donc la 6ème génération sélectionnée par la même famille d'éleveurs. Le noir pangaré fut d'abord présenté au Championnat des Etalons Selle Français à 3 ans et retenu pour le testage, une étape lors de laquelle Alice Princelle apprit à le connaître. "Je l'ai préparé à cette occasion donc je le connaissais bien avant de le monter cette saison" explique la nouvelle championne Hunter 4 ans, installée au Haras de la Guichardaye. Spécialiste des présentations, Alice a partagé la selle du jeune étalon avec Jérémy Floch, qui l'a d'abord débourré avant de le qualifier pour la Grande Semaine en Cycle Classique 4 ans. Ce dernier, installé à Iffendic, fut Champion des 4 ans en 2021 avec Herisson'Quill, appartenant lui-aussi à la famille Batonneau, comme Illico Mouche.
ILLICO MOUCHE & Alice Princelle - Crédit photos : PSV Photos
"Françoise et Sébastien Batonneau l'ont acheté fin d'année de deux ans avant qu'il ne soit approuvé lors du testage avec le label 'Très Prometteur'" explique-t-elle. Qualifié grâce à deux premières primes lors du Hunter SHF de Saint Lunaire en mai, Illico termina également 2e du CIR du Lion d'Angers, lui permettant de se présenter à Fontainebleau dans les deux finales. "Il a commencé par un beau sans faute le premier jour mais ça s'est gâté ensuite" dit-elle. Fort heureusement, le fils de Kannan ne manqua pas sa seconde chance de briller : sans faute lors des deux épreuves de la finale Hunter 4 ans, 17 sur 20 au style le premier jour, et une moyenne générale de 16,2...le titre était assuré ! "Illico possède un galop très régulier, un très bon geste de devant et un excellent équilibre, il est généreux dans ses sauts et aussi très sensible, ce qui fait sa qualité" témoigne-t-elle. "Il écoute toujours son cavalier. Je le gère comme un hongre tellement il est gentil. Je n'en voudrais que des comme lui !". Bien évidemment, Illico Mouche a été demandé par des acheteurs potentiels mais l'heure n'est pas à la vente, plutôt au prélèvement, ce qui lui permettra de reprendre le chemin des concours très tôt dans la saison tout en assurant sa descendance.
ILLICO MOUCHE & Alice Princelle - Crédit photos : PSV Photos
Veni, Iya Vidi Gavot
L'émotion n'a toujours pas quitté Ingrid Lalande, la naisseuse du beau Iya Vidi Gavot. A la tête des Ecuries du Gavot en Haute-Savoie, aux portes de Thonon-les-Bains, elle élève uniquement pour la passion à partir d'une souche quelque peu oubliée et pourtant si fantastique, celle de Didi du Sapin. Les plus anciens se souviennent sans doute de cette incroyable jument qui fut des saisons durant la doublure de luxe du célèbre Thor des Chaînes, cheval de tête de Thierry Pomel. La Baule, Rome, Maastricht, Cannes, Modène, Arnhem, le couple s'illustra à travers toute l'Europe, avant qu'Ingrid, sa propriétaire, ne l'emmène sur le circuit Pro2 puis la consacre à la reproduction. "Didi est née chez Yves Berlioz (naisseur d'Opgun Louvo notamment, ndlr)" raconte-t-elle. "Elle nous a été vendue par Alain Janvier, ami de mon conjoint. J'ai eu la chance immense de l'avoir à mes côtés...c'est la jument de ma vie" avoue-t-elle. "J'aimais beaucoup l'équitation de Thierry qui était installé à Mâcon à l'époque. Je l'ai sollicité pour qu'il anime des stages à la maison. C'est comme ça qu'il a découvert Didi, un jour où il m'a faîte travailler. Puis, je reçois un appel quelques temps avant Equita' Lyon. Thierry avait une place disponible pour un cheval au CSI5*."
IYA VIDI GAVOT & Emma Colloud - Crédit photos : PSV Photos
L'aventure extraordinaire de la fille de Ténor de la Cour débuta donc par ce concours mythique. "Grâce à elle, j'ai énormément rêvé, voyagé...ce fut une époque très agréable" se souvient-elle. Aujourd'hui âgée de 31 ans, Didi coule des jours paisibles chez sa propriétaire après lui avoir donné trois filles : Tididiams Gavot (Diams du Grasset), qui fait la joie des cavaliers du centre équestre ; Udine de Moyon (Calypson de Moyon), poulinière à l'élevage et mère notamment du finaliste des 5 ans Edelweiss de Moyon ; et Vividly Did Gavot (Diams du Grasset), la mère d'Iya Vidi Gavot mais également de Frou Frou Vidi Gavot, 3ème de la finale SHF Hunter 6 ans en 2021. "Iya est un cheval vraiment très polyvalent, amateur, flegmatique, rien ne le surprend" décrit Ingrid. Il est d'ailleurs monté par Emma Colloud, en apprentissage au sein des écuries en vue de passer son BPJEPS. "En général, je préfère emmener mes chevaux sur le circuit Cycle Libre, plus pratique compte tenu de nos contraintes. D'ailleurs, Iya était qualifié aussi pour la finale Cycle Libre 1ère année 4 ans mais j'ai opté pour le hunter." Cette discipline semble intéresser de plus en plus les acheteurs, comme en attestent les sollicitations reçues par la Savoyarde. "Oui, on me l'a demandé, mais il est toujours à la maison...le vendre ne figure pas parmi mes priorités et pour le moment, il reste ici". Sa jeune cavalière n'en sera que plus ravie...!
IYA VIDI GAVOT & Emma Colloud - Crédit photos : PSV Photos
Istanbul Guichardaye le Morbihanais
Avec le troisième de ce championnat Hunter SHF 4 ans, nous retrouvons une souche vendéenne puisant ses origines chez Marcel Thibaud, éleveur à St Gervais dans les années 70. Il fut le naisseur de la 5ème mère d'Istanbul, Irlandaise (Le Roi, ps), mère d'une certaine...Sabatina des Prés (Hurlevent, sf), grande gagnante internationale et mère de l'étalon Nartago (Carthago, holst). "Je possède la mère d'Istanbul, Querida de Castille, une fille de Qredo de Paulstra" explique Alice Princelle, co-naisseuse et cavalière. A six mois, l'alezan fut acquis pour moitié par un investisseur turc, Sener Yardimci, passionné de chevaux. Elevé en Bourgogne jusqu'à ses un an, il fut préparé pour le Championnat des étalons Selle Français de Saint-Lô. "J'ai préféré le castrer en début d'année de trois ans car il devenait compliqué à gérer" admet-elle. Qu'à cela ne tienne, le fils de Cap Kennedy s'est rattrapé depuis. Débuté en mars sur des épreuves Formation 1, Istanbul a enchaîné cinq sans faute sur six parcours Cycle Classique 4 ans, avant d'obtenir son billet pour la finale Hunter SHF 4 ans lui-aussi à Saint-Lunaire.
ISTANBUL GUICHARDAYE & Alice Princelle - Crédit photos : PSV Photos
Même si elle l'estime moins bon que le champion Illico Mouche, Alice Princelle souhaite avant tout travailler sa souche. "Le premier produit de Querida né chez moi, Griffon d'Or de la Guicha (Phenix d'Herbiers, sf), fut champion Hunter SHF et Elite Cycle Classique ASB à 4 ans avant de réaliser une belle saison à 5 ans et participer aux Championnats du Monde de Lanaken. Il a gagné quatre épreuves de 6 ans au chrono cette année". Outre Istanbul, un autre frère utérin par Jarnac cette fois-ci, Jalice Guichardaye, sera présenté dans le championnat des 3 ans SF sport, "alors qu'il enchaîne déjà très sérieusement" dit-elle. "Je souhaite apporter le maximum de points PACE à ma poulinière et pour cette raison, je pense qu'il serait bien que l'IFCE tienne compte des épreuves hunter dans leur calcul des indices. Ce serait bien pour les éleveurs". L'éleveuse continuera quoi qu'il arrive d'élever sur son exploitation avec ses quatre poulinières et de fréquenter le circuit SHF Hunter. "Ce sont de très bonnes épreuves car on demande aux chevaux de se présenter dans la décontraction. C'est agréable quant les clients viennent essayer les chevaux qu'ils soient calmes et bien mis, c'est hyper formateur. En plus, commercialement, cela nous ouvre les portes d'un gros marché, celui des Etats-Unis". D'ailleurs, Istanbul devait être présenté à des clients américains...encore un bon cheval français formé grâce à la SHF qui portera les couleurs hexagonales loin de sa terre natale !
ISTANBUL GUICHARDAYE & Alice Princelle - Crédit photos : PSV Photos