En l’espace d’une Grande Semaine, Alexandra Vandamme passe de l’ombre à la lumière. Engagée avec deux chevaux dans ces finales Cycle Libre, elle s’impose à deux reprises, à commencer par le Cycle Libre 2ème année 5 ans, aidée de DARKNESS, un cheval remis sur les rails avec calme et patience. Le couple venu du Nord s’impose devant un duo franco-luxembourgeois et un digne représentant de la Garde Républicaine.

Darkness, la nouvelle étoile du Nord

Installée près de Lille dans le Nord, Alexandra Vandamme a donc marqué ce cru 2023 des finales Cycle Libre SHF de concours complet en remportant deux titres, une première dans cette Grande Semaine, du moins chez les amateurs. Vétérinaire ostéopathe de métier, la trentenaire avoue « monter plus à cheval qu’exercer ». Associée à la cavalière et enseignante BE2 Deborah Mantzer au sein de la SCEA VDM Horse Trading, Alexandra a développé une activité de valorisation. « Nous avons actuellement seize chevaux au travail » dit-elle. « A mes débuts professionnels, j’ai passé une année sabbatique pour monter chez Karin Donckers et Joris Van Springel en Belgique. C’est là que je me suis mise au concours complet. » Son créneau : les chevaux compliqués qu’elle remet dans le droit chemin à force de patience et d’écoute. « Deborah a travaillé notamment avec Andy Booth, ce qui nous aide grandement avec certains spécimens » indique-t-elle. « Nous achetons beaucoup de chevaux difficiles ou mal montés, parfois rétifs à l’obstacle ou en dressage, et nous les remettons en confiance avant de les revendre. »

DARKNESS & Alexandra Vandamme - Crédit photos : PSV Photos

C’est ainsi qu’en 2022, le duo féminin a vendu Je’Vall (Zavall VDL, kwpn) - qu’elles sont amené jusqu’au titre en Cycle Libre 2ème année 2019 - à Alexis Goury, auteur d’une belle saison 2023 couronnée par une 6ème place dans le CCI4*-S de Lignières-en-Berry. Récupéré en février dernier, Darkness n’avait jusque là jamais disputé d’épreuve de cross ou de dressage. « Je l’ai beaucoup travaillé, sorti en concours. Il ne savait pas gérer son galop. J’ai pris beaucoup de temps sur chaque cross, ce n’était pas grave car je visais la finale » explique-t-elle. Bien lui en a pris puisque le couple gagne le titre. « J’aime beaucoup le circuit notamment le Cycle Libre » dit-elle, « mais je trouve que le système de dotation en fonction du nombre de points remportés est un peu dommage. Cela oblige à aller vite sur le cross alors que nous sommes censés former de jeunes chevaux et être souvent amateurs. A l’étranger, ils font l’inverse ». Le fils de Diarado va néanmoins poursuivre sa formation sur le circuit SHF, et peut-être rejoindre lui-aussi le piquet d’un cavalier international.

DARKNESS & Alexandra Vandamme - Crédit photos : PSV Photos

Castille de l’Anglissant, la future crack

Bien qu’installée aujourd’hui à Saint Satur, à deux pas de Sancerre dans le Cher, Stéphanie Werthmann est pour moitié originaire de Belgique par sa maman. Ce qui explique en partie pourquoi elle a participé à la finale SHF Cycle Libre avec une jument née en Belgique (mais inscrite au Luxembourg...en résumé, une pouliche européenne!). « Ses naisseurs sont en réalité des voisins de ma maman en Belgique » raconte-t-elle. « Il y avait cette jument dans un pré en face de chez nous. Un jour, nous avons été invités à déjeuner chez les propriétaires. Au fil de la discussion, ils m’ont proposé de la prendre car ils n’avaient pas la place de la garder et elle ne correspondait pas aux critères de modèle des chevaux qu’ils vendaient lors des enchères. Castille n’était ni grande, ni petite, mais je l’ai achetée ».

CASTILLE DE L'ANGLISSANT & Stéphanie de Loynes de Fumichon - Crédit photos : PSV Photos

Son père Cyrano d’Orbri, inscrit au SCSL (Stud-book du Cheval de Sport Luxembourgeois) évolua jusqu’en CSI5* 1,60m avec José Thiry (BEL). Il est issu du croisement du champion Cicero Z van Paemel et d’une mère issue de pur-sang. Côté maternel, on retrouve Pacific (Corland, holst) en père de mère, puis Matterhorn (Ahorn, kwpn) et Indoctro (Capitol I, holst). Bien que peu connue en France, il s’agit d’une lignée prolifique aux innombrables performeurs parmi lesquels Duvel HR (CSI pour le Brésil), Datamorkus (1,50m), Umorkus (CSI3* 1,50m), Ramide Umorkus (CSI 1,60m), Ferrari (CSI 1,50m), Wasorka (CSIO4*), ou encore Bollvorm’s Umorkus (CSI 1,60m). « Castille est vraiment extraordinaire » dit Stéphanie, « elle a du génie sur les barres et le cross, elle n’est jamais fatiguée à tel point qu’à la finale, j’ai dû prendre les grands boulevards pour ne aller trop vite. Son seul défaut, c’est son caractère typique des chevaux étrangers. » La grise n’est pas à vendre et à en crorie sa cavalière-propriétaire, ne le sera jamais. « Nous verrons son évolution à 6 ans puis surtout à 7 ans. Je pense qu’elle a du potentiel et c’est clairement une jument de professionnel » avoue-t-elle. En attendant d’en avoir le coeur net, la Sancerroise regarde patiemment grandir les produits de sa jument de coeur, Farah Dibah SV (Breemeersen Adorado), déjà mère de trois produits, dont la première, Kookai, fille de Cher Epoux (qui fut finaliste de 4 à 6 ans, et fut sélectionné pour le Mondial du Lion à 6 et 7 ans), débutera sur le circuit SHF l’an prochain.

CASTILLE DE L'ANGLISSANT & Stéphanie de Loynes de Fumichon - Crédit photos : PSV Photos

Islam du Faubourg, le trésor des Rappé

Pendant que monsieur parcourt les routes de la campagne meusienne, madame élève de bons chevaux d’amateurs, avec patience et persévérance. Eux, ce sont les époux Rappe, de l’élevage du Faubourg. « En réalité, c’est l’élevage de ma femme » avoue Luc, le mari. Vétérinaire rural – il procédait à une césarienne sur une vache au moment de notre échange -, il complète ses journées bien remplies en assurant l’intendance de l’élevage familial. « Nous faisons naître entre 15 et 20 poulains par an, principalement orientés CSO » explique-t-il. « Nous n’avons pas encore eu de grand champion depuis nos débuts avec la génération des K il y a environ vingt ans. La majorité de nos poulains terminent sur les circuits Cycle Libre et Amateur, parfois en Pro. Nous avons une particularité : nous utilisons souvent les mêmes étalons. Nous avons beaucoup utilisé Idéal de la Loge que j’aimais beaucoup, puis Trésor de Virton car il était stationné à côté de chez nous et je le récoltais directement à la maison. »

ISLAM DU FAUBOURG & Fanny Carles - Crédit photos : PSV Photos

En ce qui concerne le père d’Islam, l’histoire est un peu différente. « Lorsque les Haras nationaux ont vendu les stocks de semence de leurs étalons, j’ai acheté tout le stock d’Airborne Montecillo, soit environ 8000 paillettes...on a le temps de voir venir ! ». Le grand gris fut vice-champion du monde avec Bosty en 1998 à Rome, et eut un certain succès à l’élevage avec quelques bons chevaux performants en concours complet. « Nous avons également la chance d’avoir un étalon approuvé Selle Français, Espoir du Faubourg, un fils de Trésor de Virton. Nous travaillons beaucoup avec lui, sa première génération a 4 ans en 2023. » Islam du Faubourg a été présenté à la Grande Semaine par la Garde Républicaine Fanny Carles. « Nous vendons chaque année des chevaux de 3 ans à la Garde Républicaine. Islam répondait à tous leurs critères et nous avons la chance qu’ils aient choisi de le sortir en compétition. » La souche basse d’Islam est en réalité l’une des lignées exploitées encore récemment par Gilbert Galliot à l’affixe « Tardonne ». Celle-ci lui a notamment donné les très bons gagnants Sezanne Tardonne (Lux Z, ISO 140, finaliste à 6 ans), Licken Tardonne (Elegant de Barachy, ISO 149,  finaliste à 6 ans), Jolie Môme Tardonne (Centaure de Letang, ISO 154), ou encore Noir Désir Tardonne (Quat’Sous, ISO 153). 

ISLAM DU FAUBOURG & Fanny Carles - Crédit photos : PSV Photos

Retrouvez l'ensemble des résultats de la Grande Semaine de Pompadour 2023 en cliquant ci-dessous :

Résultats GSP 2023

Alexandra Vandamme s’offre un doublé en remportant également le Championnat CL2-5 ans aux rênes de DARKNESS, le cheval de son oncle qui pour elle est « un cheval d’avenir » !