03.09.2022

Fontainebleau 2022 : Deux Belges et un Allemand aux avant-postes du Championnat 6 ans ASB

Le podium 2022 des chevaux de 6 ans issus d'autres stud-books fut résolument international. Outre le champion inscrit au Holstein et monté par un cavalier d'origine colombienne, ce sont deux représentants belges qui sont montés à ses côtés sur le podium. Le match des sires se poursuit également puisque Casall et Cornet Obolensky s'affichent encore une fois au sommet.

Connorado, un champion d'enfer !

Né aux confins du nord de l'Allemagne, au nord-ouest de Hambourg à une centaine de kilomètres de la frontière danoise, Connorado d'Enfer est l'un des rares produits de l'étalon Holsteiner Connor, alias Connor 48. Ce fils de Casall évolua quelques années sous la selle de Nicolas Delmotte jusqu'en CSI 1,45m. Il présente l'intérêt d'apporter en direct par sa mère le sang du chef de race Cor de la Bryère. Connorado d'Enfer est jusqu'à présent son meilleur représentant en France avec un ISO 131 en 2021. Sur le plan sportif, il affiche une lignée maternelle très performante : sa grand-mère One Star est également mère du gagnant international Glock's Cognac Champblanc, et son arrière-grand-mère donna naissance au regretté H&M Chilli Willi, crack de Nicolas Philippaerts (BEL). Pourtant, c'est bien un cavalier colombien qui a amené Connorado jusqu'à la victoire. "Je suis arrivé en France il y a dix ans" raconte Farid Alejandro Hernandez Herrera. "J'ai d'abord travaillé dans plusieurs écuries, notamment pour René Lopez où j'ai appris énormément et participé à ma première Grande Semaine. Je me suis ensuite installé près de Nancy avec une vingtaine de chevaux." Le trentenaire, auparavant professionnel dans son pays, présentait sept chevaux de 4/5/6 ans à la Grande Semaine. Mais Connorado occupe une place particulière dans son piquet.

CONNORADO D'ENFER & Farid Alejandro Hernandez Herrera - Crédit photos : PSV Photos

"Je travaille avec un éleveur et marchand, Monsieur Philippe Berthol, qui fait naître une vingtaine de poulains par an et achète aussi à l'étranger" explique Farid. "J'ai acheté 50% lorsqu'il était foal sur ses origines puis mon propriétaire a acheté les 50% restants lorsque le cheval avait trois ans." Finaliste à 4 et 5 ans, le bai foncé (comme son père) a signé dix sans faute sur douze parcours cette saison. "Cela faisait longtemps que je voulais collaborer avec Monsieur Berthol. Connorado constituait une bonne manière d'entamer notre partenariat, et nos efforts ont finalement bien payé". Pourtant habitué aux finales, Farid a été assez impressionné par ce championnat. "Pourtant j'étais serein. Le cheval est très facile, volontaire, très respectueux, même si parfois il est un peu sur l'oeil. Il ne donne jamais l'impression de se fatiguer car il n'est pas démonstratif...mais il le fait toujours !". Bien que très commercial, Connorado n'est pas à vendre. "Nous souhaitons le faire vieillir, d'abord pour l'emmener au Championnat des 7 ans, puis en CSI à 8/9 ans" dit-il, "Nous avons reçu de belles offres après Fontainebleau, nous réfléchissons...j'avoue que nous sommes tiraillés." Avec un copropriétaire totalement passionné, Connorado d'Enfer devrait sans doute revenir au Grand Parquet dès l'an prochain.

CONNORADO D'ENFER & Farid Alejandro Hernandez Herrera - Crédit photos : PSV Photos

Cobalt de Quelennec Z, le métal précieux

Bien qu'inscrit au Zangersheide, le gris affiche une souche maternelle très française. En effet, il s'agit de celle de la prolifique Danae (Starter), née chez Marcel Lebourgeois, et à l'origine d'une multitude de grands gagnants internationaux nés pour le compte d'élevage aussi prestigieux que ceux de Kreisker, des Ibis, ou d'Helby. L'arrière-grand-mère de Cobalt, Reine du Mesnil II, a également produit la célèbre Baladine du Mesnil, ainsi que les mères de Redskin de Riverland (ISO 164), Oscar du Chanu (ISO 157), Quartz du Chanu (étalon), Emir du Chanu (Champion des 7 ans),  et la toute bonne Kissmi des Nauves (ISO 165). Tout ceci explique pourquoi Cobalt a vu le jour en France et plus précisément dans le Finistère chez Emmanuel Le Berre. Eleveur et cavalier, mais aussi étalonnier par le passé, il gère aujourd'hui une écurie de concours et un élevage dont il essaie perpétuellement d'améliorer la qualité génétique. Fidèle de la Grande Semaine, il élève et valorise essentiellement ses propres produits à l'affixe "de Quelennec", à raison de quatre ou cinq foals par an.

COBALT DE QUELENNEC Z & Nicolas Garrigues - Crédit photos : PSV Photos

"Cobalt a une histoire bizarre" avoue-t-il. "Dans les années 85-86, je voulais acheter sa mère Osiris de Kerizac qui évoluait en Cycle Libre dans ma région. Mais son propriétaire a d'abord refusé...puis il me l'a confiée à la fin de sa carrière". Emmanuel a ainsi pu la mettre à la saillie de Cornet Obolensky. "Je n'ai malheureusement pu faire qu'un poulain, car il a préféré la récupérer ensuite" dit-il un peu déçu. "Cornet était parfait pour elle car Osiris est grande et rigide". Peu sorti à 4 ans, Cobalt, comme ses collègues d'écurie, n'a jamais été surmené. "Je ne les sors jamais sur le maximum de parcours, je préfère qu'ils progressent gentiment. A 5 ans, il a pris du sang et a commencé à bien s'articuler dans le dos." En début d'année, Emmanuel s'est interrogé. "Je savais qu'il possédait beaucoup de qualités et je sentais que je n'avais pas les compétences pour en tirer le meilleur" admet-il. Il décida donc de confier son protégé à Nicolas Garrigues dont l'équitation  correspondait bien au cheval. Avec son papier "à la mode" et sa facilité, Cobalt de Quelennec Z a attisé les convoitises. "Il n'est pas encore vendu mais j'ai eu beaucoup de demandes. L'an passé, j'ai cédé une autre jument de mon élevage, Talinka de Quelennec Z, au canadien Kyle Timm." Nul doute que Cobalt trouvera lui-aussi preneur sur un marché en pleine ébullition.

COBALT DE QUELENNEC Z & Nicolas Garrigues - Crédit photos : PSV Photos

 

Edward Z, le petit prince de Fontainebleau

Né en Belgique chez le cavalier Nick Van Turnhout qui monta sa mère Corrada en CSI2*, Edward Z a déjà connu deux propriétaires français. D'abord Jauris Tamssom, qui l'acheta en juin 2021, puis Michel Henault, qui eut un vrai coup de cœur pour le fils d'Echo van't Spieveld. "Je l'ai acquis lors d'une vente aux enchères que j'organisais" se souvient Jauris, cavalier amateur qui sortit l'alezan brûlé sur des épreuves allant de 80cm à 1,20m. "Début 2022, je l'ai emmené à Magnanville où il a réalisé un premier sans faute. On me l'a tout de suite beaucoup demandé. Puis je suis allé à Deauville où j'ai commencé par une Formation 3 avant d'enchaîner le lendemain sur le Cycle Classique 6 ans. Le circuit est très bien conçu, avec une bonne ambiance et une vraie visibilité." D'ailleurs, Edward Z trouva preneur juste avant le CIR. "Il gagne les 6 ans à Berchères, fait double zéro, obtient sa qualification...et je l'ai vendu" dit-il satisfait. "Edward possède des moyens, il est respectueux, beau, généreux". Installé près de Dreux, le marchand de chevaux a apprécié le travail effectué par la famille Henault le reste de la saison. "Nous l'avons vu en concours jeunes chevaux et il nous a plu tout de suite" raconte Michel Henault. "Cela faisait deux ans que nous n'étions pas allés à la Grande Semaine". Monté par son fils Pierre-Antoine, Edward Z faillit bien ne pas fouler la piste bellifontaine. "Nous avons hésité à l'emmener car il est encore un peu vert et pas très avancé dans le travail" indique Michel Henault. "Mais il comprend très vite et évolue dans le bon sens". Cela augure une belle saison 2023 puisque le cheval devrait normalement poursuivre sous la selle du jeune professionnel.

EDWARD Z & Pierre-Antoine Henault - Crédit photos : PSV Photos

 

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