Fontainebleau 2024 : La moitié Nord de la France à l’honneur en CL1-5 ans !
Samedi 24 août se disputaient donc deux finales, le Cycle Libre 1ère année 4 ans et le Cycle Libre 1ère année 5 ans. Dans cette dernière, les cartes furent totalement rebattues lors de la seconde manche, le couple en tête au provisoire perdant tout espoir de titre après une petite faute. C’est donc JACKPOT DE LOUMA qui l’emporte associé à Mélanie Morand, devant JAVA DU FORT VERT (Julien Roussel) et JAZZ ROSE (Cédric Maniglier).
Jackpot de Louma, la bonne fortune de Mélanie
« Ce n’était pas forcément une victoire attendue » dit la cavalière. « Nous l’avions repéré alors qu’il évoluait sous la selle de son naisseur Thomas Gindreau. On l’aimait beaucoup mais il ne voulait pas le vendre car il le destinait à sa fille. Nous avons acheté ce cheval pour Eugénie Racine il y a trois mois alors qu’il avait déjà sept parcours sans faute sur huit. Nous l’avons découvert au fil des mois. Nous avons choisi de poursuivre sur le circuit Cycle Libre. Je l’ai monté directement au CIR du Lion d’Angers, où il termine Champion Régional avec un double sans faute. Nous arrivions ici en sachant qu’il était assez sûr de lui...mais on n’est jamais sûr de rien, cela reste un championnat. Il figurait au dixième rang du Top 100 SHF avant d’arriver à la Grande Semaine. Il a confirmé. C’est un super cheval que sa propriétaire va reprendre par la suite pour tourner en amateur. » Cavalière professionnelle installée à Nantes, elle partage l’aventure avec son compagnon Davy Bouvier Chabot. « Nous valorisons les jeunes chevaux, nous encadrons des propriétaires, et nous commercialisons quelques chevaux chaque année » explique-t-elle. Dans le cas de Jackpot, Mélanie a continué sa formation dans le but, d’ici quelques mois, de permettre à sa jeune propriétaire tout juste sortie du circuit Club d’en faire son cheval d’amateur. « L’objectif est qu’il prenne confiance en lui et soit facile en piste, puis qu’elle prenne ses marques et se faire plaisir » dit-elle. « Jackpot est très classique dans sa locomotion, il a du sang comme il faut, ni trop mou ni trop vif, il est très confiant en piste, il ne regarde rien. Il est très malin à l’obstacle, où il trouve toujours une solution de près ou de loin, il se débrouille. » Fidèle du circuit SHF, Mélanie fréquente également le Cycle Classique Poney et le Cycle Classique, mais découvre le Cycle Libre. « C’était ma première finale et sincèrement, nous allons nous y intéresser davantage à l’avenir car c’est un bon intermédiaire pour des chevaux verts. » Deuxième la veille au provisoire, Mélanie Morand savoure cette victoire à sa juste valeur. « Je pense que nous allons poursuivre en Cycle Libre l’an prochain, ce circuit lui convient bien. Il n’a rien fait à quatre ans, donc c’est difficile de récupérer le Cycle Classique. Le Cycle Libre convient bien pour des chevaux en retard. »
JACKPOT DE LOUMA & Mélanie Morand - Crédit photo : PSV Photo
Thomas Gindreau, à peine remis de ses émotions olympiques (l’éleveur avait deux de ses produits au départ du pentathlon moderne), se réjouit de ce titre. « Nous avons eu beaucoup de chance » admet-il. « J’ai débuté Jackpot en Cycle Libre, puis Davy l’a repéré au Lion d’Angers et tout s’est enchaîné très vite ». Eleveurs depuis quatre générations sur leurs 70 hectares de terres vendéennes, d’abord à l’affixe ‘d’Espoir’ et désormais ‘de Louma’, contraction des prénoms de leurs enfants Louis et Emma, les Gindreau s’efforcent de produire des chevaux d’amateur. « Cela reste notre priorité, surtout depuis que ma femme Julie a créé un centre équestre au sein de l’exploitation au lendemain du Covid-19 » explique Thomas. « C’est plus facile de produire des chevaux pour amateurs qui éventuellement deviennent de bons chevaux de professionnels, plutôt que l’inverse. » Aujourd’hui fortes d’une centaine de licenciés, les Ecuries Thomas Gindreau donnent naissance à une dizaine de poulains par an. « Nous utilisons toujours notre étalon maison » dit-il, « ce fut d’abord Korto Maltese, puis Post It des Clotins, le père de Jackpot, loué deux saisons à Denis Langlois, et aujourd’hui Starter de la Gâche qui effectue sa troisième année chez nous. » Avec trois 5 ans engagés à Fontainebleau, les Vendéens sont très satisfaits de leur saison. « Le Cycle Libre est vraiment intéressant pour nos cavaliers. Du point de vue commercial, je le préfère au Cycle Classique car les chevaux sont mieux vus. J’ai même noté une augmentation des partants. » Approché par un prospect Suisse dimanche, Thomas Gindreau se sent conforté dans sa démarche, et a d’ores et déjà discuté avec Davy Bouvier Chabot de leurs futures collaborations...fructueuses !
JACKPOT DE LOUMA & Mélanie Morand - Crédit photo : PSV Photo
Java du Fort Vert danse sur le bon pied
9ème du Top 100 SHF avant Fontainebleau, 7ème à l’issue de la première manche, Java a bénéficié de deux jolis 16 pour la manière et l’aptitude. Vendredi soir, à l’occasion du cocktail organisé par la SHF, son pilote Julien Roussel s’est vu remettre le trophée Audevard de Meilleur Cavalier du Cycle Libre 3ème année (il montait pas moins de sept chevaux dans ces finales Cycle Libre). Le Pas-de-Calaisien partait donc gonflé à bloc sur cette finale où il a signé un ultime sans faute. Profitant des erreurs de ces adversaires, il monte ainsi sur la seconde marche du podium sous les yeux du naisseur de Java, Georges Alloo. A 79 ans, le Calaisien installé à quelques kilomètres au nord de Calais à deux pas de la mer savoure ce succès comme si c’était le premier. « J’ai longtemps été cavalier de saut d’obstacles, même si j’ai goûté à toutes les disciplines, y compris les courses de galop où j’ai obtenu ma licence de Gentleman Rider » raconte-t-il. « J’ai été le tout premier à faire approuver un étalon pur-sang sur performances, Gulliver, un fils de Mât de Cocagne. Ce cheval était tout simplement extraordinaire, il ne touchait jamais une barre, il avait des yeux au bout des sabots. Je retrouve un peu de ce tempérament chez Java. »
JAVA DU VERT FORT & Julien Roussel - Crédit photo : PSV Photo
La mère de cette dernière, Nevada du Fort Vert (Alfa d’Elle, sf), participa aux finales Cycle Classique 4 ans (mention Très Bon) et 5 ans. Autant dire que Georges connaît la Grande Semaine comme sa poche ! De cinq poulains par an, le jeune retraité est passé à un maximum, sauf l’année où Java vit le jour. « Je suis passionné par l’élevage. Je ne vends jamais un poulain, je le garde toujours jusqu’à 5 ou 6 ans. J’aime les voir évoluer et gravir les échelons. » Il était au box entrain de doucher son autre jument lorsque sa fille Nathalie, absente du Grand Parquet mais qui suivait les résultats en ligne, l’a appelé pour lui annoncer que sa protégée était vice-championne. « Je suis très heureux » avoue-t-il modestement. « J’ai toujours aimé Alfa d’Elle que les Haras nationaux ont délaissé au profit de Boléro de Brecey. Pourtant, Alfa était super bien dans sa tête, ce qui est primordial pour les amateurs. Java a hérité non seulement de sa robe mais aussi de ses qualités. Elle adore sauter, ne s’arrête pas, c’est le cheval-type pour un amateur. » Pourtant, la grand-mère, Caline de Roussent, achetée car elle était issue de l’étalon Lys de la Fosse, sf (Nankin, sf) comme sa jument de concours de l’époque, s’était révélée très compliquée aux soins. Dernière pouliche de Nevada, disparue depuis, Java du Fort Vert va profiter de vacances bien méritées avant de se préparer pour une nouvelle saison de Cycle Libre. « Je n’envisage pas du tout de la vendre...c’est mon petit plaisir ! ».
JAVA DU VERT FORT & Julien Roussel - Crédit photo : PSV Photo
La vie en Rose sur fond de Jazz
Quelle surprise pour Daniel Villain ! « J’ai appris que mon cheval s’était classé 3ème du championnat grâce à votre appel ! » s’est-il exclamé. Eleveur amateur et passionné, le Manchois est plus que ravi de ce résultat. Enseignant en CFA agricole désormais à la retraite, Daniel élève depuis 35 ans. « J’étais cavalier amateur, je disputais des épreuves jusqu’à 1,15m, je montais souvent les chevaux de mes amis » raconte-t-il. « J’ai quasiment toujours vendu sous la mère car je n’avais pas les moyens de valoriser mes produits. Je m’occupais de mes chevaux le soir après le travail et je dois avouer que c’était un vrai soulagement de les retrouver, le métier d’enseignant demandant beaucoup d’investissement émotionnel. » Après avoir longtemps eu deux juments, il en fait saillir désormais trois, et même s’il n’a eu qu’un foal cette année, il reste toujours aussi passionné. « J’ai croisé un jour la route d’une petite jument d’1,62m nommée Harmonieuse J (Ospide, sf) issue de la souche d’Asterix F, qui évolua sous la selle de Guy Jonquères d’Oriola. Je les ai convaincu de me la vendre. C’était une jument chic, avec beaucoup de sang et de robe aubère. » Une originalité que Daniel cultive avec assiduité, bien que Jazz Rose soit bai comme son arrière-grand-père maternel Quouglof Rouge. « La mère de Jazz, Alizée Rose, est intelligente, sensible, chic mais s’est blessée très jeune. On retrouve souvent ces caractéristiques dans cette souche ».
JAZZ ROSE & Cédric Maniglier - Crédit photo : PSV Photo
S’il n’a que très peu fréquenté le Cycle Classique à cause de son travail, Daniel Villain apprécie particulièrement le Cycle Libre où il officie régulièrement comme chef de piste dans la région de Coutances-Saint Lô. « Autant que je m’en souvienne, c’est la première fois que l’un de mes poulains participe à la finale » dit-il. « Petit, Jazz montrait du tempérament, ce qui m’a obligé à l’éduquer très tôt ». Jazz Rose fut ensuite vendu...à la Foire de Lessay à Monsieur Digeon, qui vend chaque année plusieurs chevaux à la Garde Républicaine. « Il m’avait acheté le frère utérin l’année d’avant. Cela ne m’enchantait pas spécialement qu’ils deviennent des chevaux d’arme car en général, on ne les revoit pas en concours. » Jazz Rose, avec sa 3ème place, confirme qu’il faut toujours croire en ses poulains. Aujourd’hui à la retraite, le Normand profite de ses chevaux et de ses quelques hectares situés à Cerisy-la-Salle pour vivre pleinement sa passion inspirée par son beau-père Pierre Leconte, dont l’affixe ‘de la Lande’ demeure une référence.
JAZZ ROSE & Cédric Maniglier - Crédit photo : PSV Photo
Le Podium Cycle Libre 1ère année 5 ans 2024
1er – Jackpot de Louma, oc (Post It des Clotins, sf), né chez Julie Gindreau (Pays de la Loire), monté par Mélanie Morand (Loire Atlantique) – 10 sans faute sur 12 sorties – 10ème au Top 100 SHF – 200€ de gains
2ème – Java du Fort Vert, sf (Untouchable, kwpn), née chez Georges Alloo (Hauts de France), monté par Julien Roussel (Pas de Calais) – 10 sans faute sur 11 sorties – 9ème au Top 100 SHF – 200€ de gains
3ème – Jazz Rose, sf (Eldorado d’Elle, sf), né chez Daniel Villain (Normandie), monté par Cédric Maniglier (Garde Républicaine) – 10 sans faute sur 14 sorties – 16ème au Top 100 SHF – 200€ de gains